anthologie poétique sur le mouvement de l’eau : résidence au Svalbard
Pour la première fois, j’ai participé à une expédition sur un voilier sans y travailler, entièrement consacrée à la recherche et à la captation. Cette immersion m’a permis d’entrer dans un état de travail continu, une concentration rare. Pendant seize jours, le bateau a longé les côtes de l’archipel, révélant chaque jour de nouveaux paysages de glace et d’eau. J’ai tourné des centaines de séquences au ralenti, huit captations statiques d’environ trente minutes en temps réel, et tenu un carnet de bord sur la mémoire des images et la présence du corps dans le paysage.
Sur place, la première forme de l’anthologie s’est précisée. Les échanges avec les guides et les chercheurs ont nourri une réflexion sur la représentation de l’Arctique dans le contexte du changement climatique. Parmi ces rencontres, celle du directeur de la bibliothèque de Longyearbyen a ouvert une piste de recherche autour d’un possible projet communautaire entre cette bibliothèque et une institution montréalaise. Fondée sur un dialogue d’archives et de projections, cette idée vise à relier les images contemporaines tournées sur place aux archives locales et à donner accès à ces images aux communautés concernées, favorisant ainsi un partage de mémoire et de regard entre deux territoires éloignés.
Avec l’artiste Myriam Behman, un projet parallèle est né : durant les deux derniers jours, nous avons cessé de filmer pour simplement écrire ce que nous voyions, cherchant à imprimer les paysages dans la mémoire plutôt que dans la caméra. De cette expérience est née une correspondance épistolaire : chaque mois, nous nous envoyons une lettre décrivant le souvenir de ces lieux, sans les ouvrir, que nous lirons ensemble dans quelques années.